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Marc Ducret - Tower, vol.2

Noël Tachet, ImproJazz

Le disque s’ouvre sur des bruits de métro que viennent rejoindre, à peine distinct, les instruments. C’est le second volume de Tower. Le premier mettait en scène Marc Ducret avec trois souffleurs et Peter Bruun à la batterie. L’illustration de couverture vient compléter par la droite celle du premier volume. Comme le vol1 reprenait un titre précédent, L’ombra di verdi, celui-ci donne une troisième version de Real thing qui constituait les deux premières parties du vol1. La troisième pièce, heurtée dans son début, mais introduite par le dernier mouvement, lent, de Real Thing ?3, parodie par son titre un thème coltranien, Softly her tower crumbled in the sweet silent sun, où le lever du soleil est remplacé par l’écroulement de la tour. L’atmosphère est à la continuité, construction et destruction. On y verra plus clair avec le troisième sans doute.

Ducret est un prolixe jamais bavard, un inspiré de la computation. Il a inventé des modes d’interventions qui, sans le faire sortir d’un maniement disons« classique » de son instrument, lui permettent de ne jamais jouer pour ne rien dire. Avec la conception du groupe il lui revient d’être à la fois bassiste, pianiste et soliste. La batterie grande ouverte de Tom Rainey, sollicitant beaucoup les basses et occupant l’aigu d’un bruissement à la fois funky et polyrythmique de cymbales, fait avec la guitare une section rythmique exceptionnelle. L’alliance de la guitare avec l’alto lyrique de Berne et le violon éraflé de Pifarely crée des timbres, des entrelacements très mouvants sur une écriture qui semble assez précise, délimitant nettement des structures trop complexes pour être perçues directement mais assez présentes pour emmener l’écoute précisément là où elle est attendue. Mais cette musique est aussi, très fortement, un piège à imaginaire. En recopiant de mémoire la titre du troisième morceau, un lapsus m’avait fait écrire softly her silence crumbled in the sweet silent run : l’écroulement du silence, c’est bien ce que retrace cette musique, une série grande ouverte à l’invention que je souhaite ne pas voir se clore de sitôt. Rendez-vous à Tower, vol.3