All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Ayler, ailleurs. Jamais sans doute la quasi-homophonie de ces deux mots n’aura-t-elle été aussi justifiée. La ténacité de Stéphane Berland, le patron d’un label qui sait depuis longtemps faire valoir ses différences, n’est plus à démontrer. Le deuxième volet des aventures d’Éric Brochard et Fabrice Favriou au pays du son, qui pousse encore un peu plus loin le curseur de leur jusqu’au-boutisme, confirme cette exigence de singularité. Jusqu’à faire tomber les murs cette fois... Le duo avait enregistré un premier album, soit cinq « Séquences » (simplement nommées de I à V) en juin 2020, et le voici qui récidive un an plus tard avec une deuxième salve de cinq, conçues cette fois pour être jouées comme une suite. Mais sur le fond, rien ne change vraiment (et nul ne s’en plaindra), c’est la même lave en fusion, le même flux continu élaboré entre une basse électrique et une batterie qui semblent surgies d’un monde dévasté.
Ainsi va Derviche, et tels sont leurs Murs absurdes, qui vous assènent une fois encore un coup de poing à l’estomac, histoire de vous couper le souffle, mais dont la force n’est pas de celles qui vous étourdissent. C’est une sensation difficile à expliquer, en réalité, comme s’il y avait une forme de jouissance dans la sidération. Le son est brut, rauque et puissant, mais toujours majestueux. N’attendez aucune fioriture, ni même aucune instrumentation décorative, histoire de faire joli ou mélodique. Ici ce sont des riffs répétés à l’envie, portés par une inquiétude sourde, qui vous conduit paradoxalement vers une ivresse qui serait celle des cimes (ou des profondeurs, allez savoir). Grondement et claquement des cordes, déferlement de la batterie... Cette autre suite ne veut sans doute, tout comme la première, exprimer rien d’autre que la nécessité de creuser au plus profond un sillon hypnotique, sans détour. Peut-être faut-il d’ailleurs considérer ce disque et son prédécesseur comme des expériences, une sorte de happening sonore dont on ressort un peu hagard, mais habité par l’idée qu’il reste ici-bas quelques indispensables lanceurs d’alerte et donc une forme d’espoir derrière la noirceur.
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