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Bernado/Rinaudo/Mayot - Ikui Doki

Catherine Carette, FIP

 

Le trio de free jazz de chambre revisite Debussy, Fauré, Satie, Ravel en toute liberté.

Ikui Doki est un trio atypique qui rend hommage à la musique moderne avec des compositions collectives inspirées de la musique française du début du XXème siècle. Si Sophie Bernado (basson, voix), Hugues Mayot (saxophone et clarinette), et Rafaëlle Rinaudo (harpe) se sont rencontrés dans les classes du CNSM de Paris, ils partagent aussi un goût prononcé pour le free jazz et le rock noise. Les trois comparses, dont l'ouverture musicale n'est plus à prouver, multiplient les aventures au sein de groupes comme l'ONJ, Art Sonic, L'Arbre Rouge, Coax Orchestra et tant d'autres...

Leur passion pour l'exploration est moteur dans le projet Ikui Doki. Le trio a l'art des harmonies subtiles et des mariages de sons inhabituels. Au jeu traditionnel du basson ou de la harpe, s'ajoutent effets, boucles et frottements qui abolissent les frontières entre les domaines jazz et contemporain. L'alchimie est parfaite. "Le trio révèle le côté sensible de la musique de chambre", explique la harpiste :  "Entre envolées "debussystes" et saturations retentissantes, on propulse la musique moderne dans le XXIe siècle, tel un Satie Warholien jouant du luth dans un squat underground". 

Stéphane Berland, amoureux des musiques inventives et fidèle complice de celles et ceux qui osent, comme le guitariste Marc Ducret, la contrebassiste Joëlle Léandre ou encore les frères Ceccaldi confie qu'en live, il est tombé sous le charme du répertoire de Ikui Doki : « Cette capacité d’assimiler la musique du 20ème siècle et d’en faire autre chose, ça m’a tout de suite touché. A la fin du concert je leur ai dit : Si un jour vous voulez faire un disque je suis là pour vous ». Et c'est chose faite, avec une sortie le 21 novembre sur le précieux label Ayler Records fondé en Suède par Jan Ström, dont il a repris la direction en 2009.

Le producteur défend l'interprétation audacieuse et sans précédent du trio, lauréat Jazz Migration #3. D'après lui la force d'Ikui Doki est bien de se risquer à convoquer ces figures légendaires de la musique française tout en brisant les cadres habituels de ce répertoire. Il aime ce travail de " recherche de paysages extatiques à travers des cadres harmoniques raffinés dans lesquels tout devient sonore". 

Son engagement l'a mené tout naturellement à endosser un vrai rôle de directeur artistique pour cet album singulier et réjouissant. "Des producteurs qui prennent à cœur et assument leur travail comme ça, j’en ai jamais vu", dit la harpiste. Grâce à sa présence confiante et à son regard différent du nôtre, on a réussi à sortir le meilleur de nous-mêmes". Pour elle, l'album s'est vraiment fait à cinq, en comptant le beau travail de l'ingénieure du son Céline Grangey.