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Sarah Murcia - Never Mind the Future

Paskal Larsen, Foutraque.com

Sarah Murcia a un CV bien rempli. Musicienne douée (contrebasse, piano) elle a accompagné des artistes aussi divers que Fred Poulet, Jacques Higelin, Elysian Fields, Steve Coleman, Magic Malik Orchestra, Rodolphe Burger (pour n'en citer que quelques uns), et aujourd’hui elle joue dans divers formations (Beau Catcheur, Sylvain Cathala Trio, Pearls of Swines, Caroline et Nhaoul’). Elle participe à des émissions musicales, l’atelier de recherche d’Arte France, écrit et joue pour la danse (Alain Buffard, Mark Tompkins) et le cinéma (Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar) . Et ça, c’est juste un petit résumé de ses travaux.

Avec ce nouvel album, Sarah Murcia s’est plongée sur l’ALBUM qui a révélé, fait exploser le punk, l’album culte Never Mind The Bollocks des Sex Pistols. On retrouve dans le désordre les 12 titres de cet album fondateur, plus la reprise My Way. Accompagnée par Mark Tompkins (à la voix), Olivier Py (saxophone), Franck Vaillant (percussions), Gilles Coronado (guitare) et Benoît Delbecq (piano), Sarah Murcia (basse, voix et synthé modèle Roland SH-101) réinterprète les morceaux avec une liberté totale. Entre no-wave, jazz, expérimental, cabaret et poésie sonore, Sarah et ses 5 garçons revisitent ces classiques du punk rock (Holidays in the Sun, God Save the Queen, et Anarchy in the U.K. en têtes) sans barrières, sans état d’âme. Proche de l’impro, les morceaux prennent ici une dimension démentielle. La voix, façon slam de Mark Tompkins ne dénature pas celle de John Lydon, au contraire elle donne une dimension « adulte » proche d’un Lou Reed ou David Bowie en plein récital gothique. La musique, à la fois rythmique et habitée donne une couleur « arty » des plus savoureuses. On prend un réel plaisir à écouter cette relecture, interprétée avec émotion et envie, celui de partager. On passe le cap de la simple reprise. Comme le Balanescu Quartet avec leurs reprises de Kraftwerk, Sarah Murcia donne une autre vision de ces classiques indémodables. Chapeau l’artiste !

Dans la bio, Sarah Murcia déclare au sujet de ce qui l’a inspiré pour se plonger dans cette aventure (à première vue, un peu casse gueule): « Quand j’ai décidé de reprendre ce disque, j’ai lu ce livre formidable Lipstick Traces, de Greil Marcus, qui rapproche Johnny Rotten de Huelsenbeck, de Guy Debord et des situationnistes, de Saint Just, des hérétiques médiévaux, comme si dans l’histoire un souffle dada revenait à travers tous ses individus sans qu’ils se reconnaissent mutuellement ».

Comme quoi Never Mind The Bollocks n’est pas juste un disque punk. On peut y trouver de la matière intellectuelle qui sort du cadre punk rock.