Marc Ducret - Tower, vol.1

Noël Tachet, ImproJazz

Rien n'indique sur la pochette le projet de cette musique, soit la transposition musicale du chapitre 12 de Ada ou l'ardeur de Vladimir Nabokov. La pochette expose la figure Jules Vernienne d'un assemblage métallique, qu'on revoit à l'intérieur, superposé partiellement à une image décolorée certainement tirée de la version cinématographique de Lolita, une femme en maillot de bain sur un matelas rayé. Soit l'image partielle ? genoux , main sur le genou droit, cuisse et mollet, lunettes de soleil ? ce qui séduit le narrateur du roman, Humbert Humbert.

La musique est faite de deux Suites (Real Thing 1 et 2) et d'Interlude : L'Ombra di Verdi qui reprend le titre d'un disque de 1999, sur lequel ne figurait aucun morceau de ce nom.

Dans Qui parle (2003) figuraient des textes d'Alain Robbe-Grillet, et sur le cd du Sens de la marche (2008) était gravé un texte de Nabokov qui se terminait par "false commonsense must be shot dead" (il faut flinguer le sens commun qui ment ? traduction libre). Oppositions, obsessions et sens de la marche très précisément défini dans le mystère, la parenté de cet enregistrement est forte avec les romans de Nabokov ou de Robbe-Grillet.

La musique de ce disque est une trace qui s'oppose à l'élucidation. Fusées de la guitare et queue de comète de l'orchestre, ensemble protéiforme où jouent les métaux et l'électricité. Une unité déchirée mais fermement cousue. On attend avec impatience Tower, Vol 2 qui sera joué par le quartet franco-américain de marc Ducret : Dominique Pifarely, Tim Berne et Tom Rainey.