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Joëlle Léandre & Pascal Contet - 3

David Cristol, Jazz Magazine *CHOC*

Des chiffres et de l’être. Le Joëlle Léandre du mois scelle la troisième rencontre discographique de la chef d’état-major de la musique improvisée planétaire et de l’« accrodéoniste »(c’est lui qui le dit) après, pour s’en tenir à ce qui reste disponible, l’excellent "Freeway" en 2007. S’il aime à s’y adonner autant de fois que l’occasion s’en présente, ce n’est pas dans le domaine de l’improvisation plénière que Pascal Contet s’exprime le plus souvent. Musique classique et contemporaine, ciné-concerts, danse, théâtre, collaborations avec Scanner, Nosfell, Bruno Chevillon, Andy Emler et Yvette Horner, performances en solo et partitions pour films et téléfilms dessinent l’éventail incomplet de ses activités. Un parcours riche et exigeant, comparable à celui de sa partenaire de virée poitevine par sa diversité et son ouverture volontariste à tous les possibles. Les épousailles des deux instruments n’ont rien d’incongru. Les timbres, joliment complémentaires, s’unissent sans anicroche. Si Léandre est ici créditée à la seule contrebasse, elle confabule en surplus lors d’une psalmodie fiévreuse au milieu de Soixante, plage la plus conséquente du recueil. Habité par un sens de la narration que ses prestations en solo mettent également en valeur, Contet cultive un cheminement poétique original, moins frondeur que ce qui s’ourdit parfois dans le genre, se départant rarement d’une certaine douceur et affectionnant les ambiances oniriques qu’il convoque à l’aide de moyens contigus à ceux que l’on trouve chez certains compositeurs minimalistes. Infaillible, Léandre est un roc, mais un roc sensible à la moindre brise, au passage d’un nuage, aux reflets mouvants portés par la lumière sur sa surface pierreuse. Jean-Marc Foussat assure une prise de son restituant non seulement toutes les subtiles inflexions articulées par les deux instrumentistes mais permettant d’en ressentir les grondements et frémissements comme au pied de la scène – le final de Cinquante-Trois est à ce titre admirable. Une nouvelle victoire pour la musique improvisée.