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By Any Means - Live at Crescendo

Fabrice Fuentes, Pinkushion

A l’origine de Live at Crescendo, une insatisfaction matérielle : le concert enregistré en juin 2006 à New York (au Vision Festival) par le trio By Any Means - composé de Charles Gayle (saxophone alto), William Parker (contrebasse) et Rashied Ali (batterie) - s’avèrera après coup d’une qualité audio décevante, peu représentative selon le saxophoniste américain de la dimension sonore de sa formation. Un an plus tard, le 19 octobre 2007 au club Crescendo de Norrköping, en Suède, le trio récidivait au sommet de son inspiration, avec en sus cette fois-ci un témoignage discographique à la hauteur de sa prestation. Un copieux double CD à présent sorti sur l’excellent label Ayler Records qui épouse à juste titre le principe d’un « crescendo », la musique gagnant en intensité et profondeur à mesure qu’elle chemine de morceaux en morceaux, aux confins du blues, du hard bop et du free jazz, laissant ici et là apparaître l’ombre tutélaire, mais jamais envahissante, de John Coltrane.
Après un “Zero Blues” et “Hearts Joy” liminaires, au cours desquels le trio pose ses bases en une patiente succession de soli et instaure les conditions d’un fructueux dialogue (délimitation d’un espace commun, précision du placement, qualité de l’écoute réciproque), prend forme une musique sinueuse, portée par un alto fiévreux admirablement mis en relief au gré des poussées rythmiques (“We Three”). Sur le deuxième CD, qui élève encore d’un cran la puissance du trio, ce dernier étend son champ d’investigation : Parker dessine des arabesques hiératiques à l’archet et explore des zones plus abstraites (“Machu Picchu”), Ali développe un drumming brut et incandescent (“Cry Nu”), tandis que Gayle déploie un phrasé incisif, aux accents vocaux marqués (“Eternal Voice”). Une singularité plus manifeste qui finit de faire de Live at Crescendo un album important dans la discographie d’une formation qui ne l’est pas moins, ici littéralement saisie sur le vif.